lundi 24 novembre 2014

Pourquoi l'altruisme et l'empathie sont mauvais pour l'univers

Le professeur Morituri, célèbre génie du mal et aspirant malheureux au titre de dictateur de la planète, est convaincu que les manifestations d'altruisme et d'empathie sont néfastes pour le maintien d'un bonheur universel optimal. Voici une illustration de sa thèse.

À des fins d'expérience, postulons d'abord l'existence d'une victime d'un accident particulièrement douloureux susceptible de générer chez le citoyen moyen une réaction spontanée d'empathie et de compassion.



Cet accident va bien entendu réduire dramatiquement le niveau de bonheur de notre sujet, ce qui se traduit par une baisse du bonheur général universel (BGU). Cette baisse est naturellement faible à l'échelle de l'univers entier, mais elle n'en est pas moins réelle.



Maintenant, répétons l'expérience en présence d'un témoin compatissant.



La détresse évidente de la victime suscitera chez le témoin un sentiment subit d'inconfort et de compassion, abaissant brusquement son propre degré de bonheur. Il est possible qu'une manifestation de compassion de la part de ce témoin puisse alléger temporairement et superficiellement la baisse de bonheur de la victime, mais cet allègement sera presque négligeable face à la sévérité du traumatisme encouru. De manière globale, la baisse de bonheur de la victime, additionnée de la baisse de bonheur du témoin, causeront une baisse accrue du BGU. Même si l'empathie du témoin partait d'un bon sentiment, le résultat global est une baisse du niveau de bonheur universel.



Maintenant supposons que le témoin, loin d'être compatissant, est un cruel individu se réjouissant sans vergogne de la déconfiture d'autrui. De tels individus, ne nous le cachons pas, existent bel et bien dans notre société.



La présence d'un témoin sans compassion n'ajoutera pas beaucoup à l'inconfort de la victime qui est déjà très concentrée sur sa malencontreuse situation. Le témoin éprouvera par contre une grande joie en considérant cette dernière, ce qui se traduira par une hausse marquée de son propre niveau de bonheur. Cette hausse compensera dans une large mesure la baisse de bonheur de la victime, et pourrait même l'annuler si le témoin est particulièrement vicieux.



Advenant le cas où le témoin méchant ait un ou plusieurs amis partageant ses tendances antisociales, l'accident déplorable de la victime sera source d'une intense hilarité et d'une augmentation locale très marquée du niveau de bonheur.



Cette augmentation fera plus que compenser pour la baisse de bonheur de la victime, et le BGU sera augmenté de façon marquée.



Les conclusions du professeur Morituri sont inéluctables: pour assurer que le bonheur général universel soit maximisé, il est du devoir de tout un chacun de se réjouir du malheur des autres et de prévenir toute tentation de céder à un mouvement altruiste ou compatissant. Après tout, le bonheur de l'univers en entier devrait primer sur celui de quelques individus.



jeudi 13 novembre 2014

vendredi 24 octobre 2014

Les fichus p'tits boutons










Matériel supplémentaire

Merci à ma collègue le Dr Karine Lemieux pour le concept de ce livre!