lundi 7 avril 2014

Pré-adaptation









Matériel supplémentaire

Comme tous les vertébrés, les ancêtres des mammifères furent jadis des poissons à mâchoires. Parmi ceux-ci, il s'en trouva pour utiliser quatre de leur nageoires comme pattes (voir Tiktaalik pour un bel exemple de poisson dont les descendants ont probablement commencé à marcher). Ces poissons marcheurs devaient donner naissance aux tétrapodes, ou "bestioles qui se promènent à quatre pattes ainsi que leurs descendants, même ceux qui ont ensuite perdu les pattes en question comme les serpents". Bon; ce n'est pas la traduction exacte de "tétrapode" mais je crois que ça respecte bien l'esprit du mot. "Tétrapode" veut simplement dire "quatre pattes".

Les tétrapodes incluent les amphibiens, les reptiles et les mammifères mais les amphibiens sont apparus les premiers; un trait plus primitif chez eux est que leurs oeufs doivent être pondus dans l'eau pour ne pas se déshydrater. De façon informelle on les classe avec les poissons pour former le groupe des anamniotes,les vertébrés qui pondent leurs oeufs dans l'eau. Par rapport aux poissons, les amphibiens ont développé une caractéristique pleine d'avenir: celle de pouvoir vivre hors de l'eau et de respirer sans branchies.

Parmi ces amphibiens, certains devaient développer par la suite des caractéristiques originales qui devaient éventuellement donner naissance aux amniotes, les animaux qui n'ont plus besoin de pondre leurs oeufs dans l'eau. Les amniotes entourent en effet leurs embryons d'un sac amniotique; ce dernier peut se trouver soit dans un oeuf à coquille étanche, soit dans un utérus. Les premiers amniotes furent les reptiles (ou les ancêtres des reptiles, si vous voulez). L'amphibien Proterogyrinus était par exemple un tel amphibien aux caractéristiques reptiliennes développées suggérant qu'il est l'un de leurs ancêtres ou un proche cousin.

Les reptiles avec toutes leurs espèces devaient développer eux aussi de nouveaux traits permettant de les diviser en grande classe. Sur la base de l'existence ou de la position de certaines ouvertures dans leur crâne, on divise les anciens reptiles et leurs descendants en sauropsides et en synapsides. Ces derniers ont une ouverture localisée derrière l'oeil, appelée "fosse temporale". Les reptiles de la classe des synapsides devaient donner naissance aux mammifères, et de fait les mammifères sont les seuls synapsides encore vivants aujourd'hui. Les sauropsides actuels, eux, se divisent en anapsides (comme les tortues) qui n'ont pas de telle ouverture crânienne, et en diapsides (les oiseaux et tous les reptiles d'aujourd'hui à l'exception des tortues) qui ont deux fosses temporales l'une par dessus l'autre, séparées par l'os postorbitaire et l'os squamosal.

Vous avez peut-être déjà vu le spectaculaire dimétrodon dans un musée d'histoire naturelle. On le confond souvent avec un dinosaure, mais en réalité il ne leur est pas très apparenté; le dimétrodon était un synapside, comme nous, alors que les dinosaures étaient des sauropsides. Il était donc plus proche des mammifères.

Les reptiles synapsides devaient un jour disparaître, mais pas sans laisser des descendants dont les caractéristiques devaient les distinguer clairement des reptiles survivants: des caractéristiques comme l'homéothermie (ou capacité de maintenir sa température interne), l'allaitement, la présence de poils, celle de trois osselets dans l'oreille moyenne et le développement du neocortex.

Les mammifères eux aussi devaient diverger et on trouve aujourd'hui sur notre planète les descendants de trois grandes branches, qui se distinguent par leur relation avec leurs embryons: les protothériens, les métathériens et les euthériens.

Les protothériens (qu'on appelle aussi les monotrèmes) sont des mammifères qui pondent encore des oeufs, à la façon de leurs ancêtres synapsides aux caractèrs plus reptiliens. Il n'en existe pas beaucoup aujourd'hui: quatre espèces d'échidnés et une seule espèce du toujours très sympathique ornithorynque. Les bébés ornithorynques, une fois sortis de leur oeuf, boiront du lait maternel comme tous les mammifères même si leur maman ne possède pas de mamelles; les glandes mammaires exsudent le liquide à travers des ouvertures dans la peau.

Les métathériens (ou marsupiaux) sont des animaux qui ne pondent pas d'oeufs mais dont le développement embryonnaire ne se fait pas entièrement dans un utérus. Les petits, en effet, sort du ventre de sa mère sous la forme d'une larve marsupiale et doit ensuite se diriger vers la poche marsupiale maternelle, où il trouvera une mamelle nourricière. Accroché à cette dernière,il terminera son développement. Kangourous, koalas et autres wombats appartiennent à ce groupe.

Les euthériens, finalement, ou placentaires, sont les animaux dont le développement embryonnaire se fait entièrement dans un utérus.

L'opossum aquatique d'aujourd'hui, également appelé sarigue d'eau ou yapock, porte le nom savant de Chironectes minimus. C'est le seul marsupial a avoir un mode de vie aquatique et à porter des pattes palmées. On le retrouve en Amérique, où les seuls marsupiaux survivants sont rares; il semble que la compétition avec les euthériens ne soit pas à l'avantage des marsupiaux. L'Australie est très riche en marsupiaux parce que lors du développement des euthériens, l'Australie était déjà séparée des autres masses continentales. Quelques types d'opossums sont les seuls marsupiaux encore vivants en Amérique.

L'opossum aquatique est le seul marsupial encore vivant chez qui le mâle possède,comme la femelle, une poche marsupiale. La thylacine (qu'on peut voir ici), encore appelée tigre marsupial, possédait aussi cette caractéristique... mais l'homme a organisé son extinction au début du XXe siècle, la dernière thylacine s'étant éteinte au zoo de Hobart en Tasmanie en 1936.

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